Mon cher Pierre,
Tu as rendu ton dernier souffle
au matin du mardi de Pâques et tu nous manques. Tu n'aimais
pas qu'on pleure quand on était auprès de toi mais
autorise-nous aujourd'hui quelques larmes parce que tu as pris
bien trop vite la poudre d'escampette, nous laissant tristes
et désemparés.
Mais il serait
ingrat d'oublier que ton Seigneur est venu te chercher dans
l'éblouissante lumière de la Résurrection et cela nous
invite à rendre grâces pour toutes les merveilles qui ont
jalonné le chemin de ta terrible maladie. Une présence
nombreuse à ton enterrement, sans compter les nombreux
témoignages de prières de tous coins de France et de
Navarre, atteste du rempart de prières qui t'a entouré et
qui nous a tous protégés. Nous rendons grâces pour ce beau
mystère de la Communion des Saints dont nous avions déjà
goûté la douceur pour Florence et pour Jean-Baptiste. Nous
formons un seul corps dont la tête et le cœur sont le
Christ. Mystère d'intercession et d'éternité qui nous mène à
Dieu ... Comme le dit le frère Marie Emmanuel, tu es
désormais plus présent que tu ne l'étais auparavant ; la
distance entre Le Mans et Toulouse dont j'ai tant souffert
est désormais abolie et nous voilà réunis dans le cœur du
Bon Dieu.
Je veux rendre grâces, avec
vous tous, pour la belle ascension spirituelle que tu as menée
après avoir accepté, dès le verdict du 31 août 2016, d'avancer
avec le Christ sur le chemin de Croix dont tu connaissais
lucidement la dureté. Ton fiat, tu l'as prononcé par cette
phrase : « Et pourquoi pas moi ? », rejoignant ainsi tous les
pèlerins malades que tu accompagnais à Lourdes comme
hospitalier depuis 2012. Tu as pris alors la tête de notre
cordée, tu as marché en Éclaireur, t'efforçant d'être fidèle à
ta promesse scoute et de suivre Jésus au travers des durs
renoncements qui t'attendaient. Tu as pressenti que Jésus
t'appelait à le suivre de très près, jusqu'à la mort de la
croix puisque cette maladie de Charcot provoque la mort par
l'épuisement du souffle. Tu n'as pas lâché la main de la
Sainte Vierge. Je rends grâces pour notre pèlerinage familial
autour de maman à Lourdes en octobre 2016 où nous nous sommes
tous blottis sous le manteau de la Vierge.
En Août 2017, tu
repars à Lourdes comme malade avec le si beau pèlerinage
diocésain du Mans et nous sommes heureux de t'y accompagner. Là, ton FIAT devient MAGNIFICAT ; tu nous
confies que « la Sainte Vierge a tout préparé » et que tu la
remercies de sa sollicitude.
Tu as achevé ton pèlerinage terrestre par cet incroyable triduum pascal. La nuit du jeudi saint te fut très éprouvante, tu es avec Jésus à Gethsémani. On te transporte à l'hôpital le vendredi saint où tu luttes pour retrouver du souffle ; le samedi saint, ton état est stable, c'est le grand silence du tombeau. A partir du dimanche de Pâques, entouré de tous tes enfants, tu commences à partir en gardant ton sourire et tes clins d'yeux malicieux. Le lundi de Pâques, le Père Argouarc'h, ton aumônier scout vient à ton chevet pour te préparer au grand passage ; nous chantons la prière scoute, le chant de la promesse et mardi matin, tu pars paisiblement te reposer, enfin, dans les bras du Père.
« Toute âme qui s'élève, élève le
monde », tel est aussi le fruit du mystère de la communion des
Saints. Merci à vous tous pour votre foi et votre prière qui
nous permettent ensemble de continuer la route dans
l'Espérance ! « Ils sont finis les jours de la Passion,
suivons maintenant les pas du Ressuscité », encordés à tous
ceux qui nous précèdent dans la Lumière et dans la Paix !
A Dieu, cher Pierre !
Pierre avec Calixte, son petit-fils